Il y a une chose à savoir, que la médecine chinoise a compris, c’est que le corps et notamment le foie sont en détox naturelle au printemps. Ils se réveillent, se nettoient et se régénèrent en même temps que les plantes dans la nature !
Du coup, il vaut mieux accompagner le processus en douceur, que de l'amplifier...
Le printemps est une période de réveil, de croissance et de création, avant l’été qui est une apogée naturelle et énergétique. L’automne on décélère et l’hiver, hors de question de faire une cure, le corps est sensé être au repos, au chaud, au ralenti et il se recharge. Un cycle, un peu lunaire...
Une « aide » détox est donc utile pour aider à éliminer les « surcharges » : poids, graisses, toxines non évacuées car repos et énergie plus basse en hiver, et les excès en tout genre, la sédentarité…
Comment ? Par des petites restrictions et du sport, le plein-air, la respiration, la détente, le réchauffement, l’élimination naturelle, s’aider avec des boissons adaptées, des plantes, des compléments alimentaires, des jus verts…
En tant que naturopathe je déconseille souvent les grosses diètes farfelues, les cures sucrées ( monodiètes de raisin, pomme ou autre…) et les jeûnes longs non encadrés et non thérapeutiques !!!!
Pourquoi ? Parce que les grosses diètes peuvent être violentes pour le corps et faire perdre du poids rapidement, ce qui entraine par la force des choses une reprise tout aussi rapide, et mémorisée, bonjour l'effet yoyo...
Pourquoi dire non aux cures de fruits ou jus ? Parce qu'elles sont trop sucrées, elles peuvent entrainer des troubles de la glycémie et engorger le foie, ce qui est le contraire de l'effet recherché...Le foie transforme les sucres simples et les stocke sous forme de graisse quand il ne les utilise pas. Trop de sucre = foie gras (NASH).
Et les jus sont bien pires que les fruits eux même car le fait de ne pas mâcher ne donne pas de signal de satiété, ne permet pas à la salive ou les amylases (enzymes dans la salive qui cassent les molécules d'amidon) de fractionner les glucides, le sucre part dans le sang trop vite, et génère une grosse hausse de la glycémie. De plus, par le principe des index glycémiques, le fait que les sucres soient séparés des fibres, ils sont assimilés plus vite, un fruit entier sera moins glycémique que son jus.
Pour autant, les fruits contiennent essentiellement du fructose et celui-ci n'est pas géré par l'insuline mais directement par le foie, et son index glycémique est plus bas de ce fait...
Le foie est donc hyper sollicité, il transforme le fructose en glycogène et en triglycérides (gras).
On pense qu'un excés de fructose favorise la stéatose du foie non alcoolique (foie trop gras) et le syndrome métabolique...
Certaines personnes sont intolérantes au fructose, cela induit les mêmes symptômes que le syndrome du colôn irritable.
Un autre soucis : le fructose ne génère par de sécrétion d'insuline, ni de leptine, l'hormone de la satiété, donc manger des fruits et des jus exclusivement ne donne pas le signal de satiété, ils sont digérés trés vite et peuvent à terme inciter à remanger, grignoter et finalement générer des troubles du comportement alimentaire et une prise de poids...! Pas terrible comme "cure santé"...
Et je ne parle pas des acides, face auxquels nous ne sommes pas égaux...
Ne pas oublier que drainer le foie tout en continuant de s’intoxiquer va fatiguer plus que détoxifier !
Mieux vaut limiter les entrants que forcer les sortants…
Et les cures ne doivent pas durer dans le temps pour ne pas épuiser les émonctoires hypersollicités, ou se déminéraliser.
Exemples de plantes dépuratives douces du foie :
– Chardon marie : restaure, répare, détoxique sans aggresser, protège les hépatocytes.
– Desmodium : nettoie, draine, restaure le foie
– Radis noir : accélère la digestion, la sécrétion de bile et donc allège l'estomac, les intestins et le foie
– Romarin : le plus doux des hépato-protecteurs et draineur, tonique et anti-oxydant, magique
– Aubier de tilleul : draine le foie et les reins doucement.
Les grandes lignes :
Les fortes diètes peuvent traumatiser et risquent d’induire des stockages et réactions à long terme de résistance, donc des prises de poids par effet yoyo comme évoqué plus haut. Une journée ou deux de jeûne bien choisies, c’est parfait, elle peuvent être régulières de ce fait.
Les cures drastiques sont aussi déconseillées aux personnes ayant (ou ayant eu) des troubles du comportement alimentaire du fait de dérégler les rythmes et quantités nutritionnelles ainsi que la chronobiologie.
Les cures ne doivent pas faire perdre beaucoup de poids d’un coup (pas plus de un kilo par mois).
En cure, préférer les légumes, surtout verts qui détoxiquent réellement par chélation (la chlorophylle par exemple capte les métaux lourds et toxines...) et reminéralise.
Il est beaucoup plus intéressant de chercher à se libérer de l’addiction au sucre en douceur pour le long terme.
Les monodiètes ont un seul intérêt : réduire les apports ponctuellement pour désengorger le corps et les émonctoires. Les monodiètes de légumes permettent de contraindre le corps à éliminer les déchets plus profondément et chercher ce dont il a besoin, étant sous-alimenté.
Mais une réduction progressive des quantités alimentaires (surtout le sucre) et le choix de la qualité peut être suffisant de fait et ne mettent pas le corps en stress supplémentaire.
On ne fait pas de cure détox quand on est fatigué, malade, dénutri, déminéralisé. On réduit les toxiques, on se revitalise plutôt avec de bons aliments vivants et bruts et des compléments si besoins, avec l’aide de son praticien de santé.
Interdire ou éliminer un aliment (à part le lait ;-)) ou une famille d’aliment sur le long terme n’a selon moi pas de justification à part intolérance ou allergie avérées. Et même dans ce cas, parfois, une réintroduction progressive après exclusion permet de désensibiliser le plus souvent. Sinon, on risque des vraies réactions très fortes à l’avenir sur de très petites quantités.
Je ne parle évidemment pas ici des aliments encrassants modernes, industriels, chimiquement impurs, ultra-transformés, qui sans être des poisons violents (quoique…), ne sont pas souhaitables et donc peuvent être supprimés !
Dans tous les cas, les changements soudains peuvent être trop brutaux et choquent l’organisme.
Il ne faut pas faire de cure seul à la légère. Les déséquilibres sont parfois plus longs à soigner que les maux de départ.
Les vraies cures et jeûnes devraient rester thérapeutiques et encadrées, pour une autolyse contrôlée et une surveillance en cas d’acidose.
Le jeûne intermittent est à tester de manière intéressante, il peut être trés utile, efficace, à la carte.
La science dans le domaine de la nutrition est très active et réactive en ce moment, il s’agit de rester alerte et modéré, et se remettre en question. Les avancées au sujet du « deuxième » cerveau par exemple et de l’univers bactérien du microbiote sont passionnantes et prometteuses ! Mais restez vigilants sur les recettes miracles trop vites conclues.
A bon entendeur, votre serviteur,
Aurélie Blay pour Santékilibre - Naturopathe - Bordeaux - Lormont.
Merci merci merci ! Je découvre tes site & blog et décidément j'apprécie énormément le ton donné à tes articles. Je ne commente pas souvent (il faudrait pourtant, ça fait si plaisir!) mais j'avais vraiment envie de te dire combien ta vision de la naturopathie m'a fait du bien. Modernité, fraîcheur, prise de recul... J'aime et je m'y retrouve!Un grand merci, donc. Pour cet article bienveillant, et pour partager cette vision de la naturo.Belle semaine à toi!